Saveur(s)

Arrêtez, vous me faites mourir !



    C'est presque une image d'Epinal, un troupeau de vaches croisées Aubrac et Charolais (pour la viande !) en estive, dans un pâturage extensif de Lozère. Et si en fait c'était un film d'horreur ?
    On se dit qu'avec un bon air pareil et une "bonne" herbe pareille (rare quand même) la viande doit être saine, gouteuse et savoureuse. Beaucoup de veaux garçons (les broutards) ne grandissent pas près de leur mère, ils sont envoyé en Italie qui est un acteur phare de l'engraissage (je ne sais pas avec quoi) pour finir en vitello accommodé de multiple façons.
    Oui, mais. De la Toussaint à la saint Urbain fin mai, les vaches sont en étable (en stabu) dans des jolis bâtiments de parpaing et de tôle ondulé comme vous allez le voir. Heureusement il y a de notables exceptions, si vous avez gougueule earth tapez Brassalière, vous allez avoir le souffle coupé).

    Et que mangent-elles ces vaches pendant l'hiver ? Du foin, oui mais cela ne suffit pas, donc elles mangent aussi du foin ensilé (là je vous conseille pour l'odeur et pour le gout inimitable que cela donne au lait et au fromage...), et d'autres substances délicieuses qui dégoulinent de ces magnifiques silos à grains. Je ne suis pas aller faire de prélèvements de cette alimentation pour bétail qui a tant fait parler d'elle au moment de la crise de la vache folle...


    Revenons à l'ensilage. Pour ensiler, soit vous faites un silo semi enterré, comme une taupinière, vous savez ces gros tas bâchés et lestés par de vieux pneus de tracteur, soit vous enrubannez les balles d'herbe rondes dans de jolis plastiques blancs, verts noirs, gris, non biodégradables, qui se désagrègeront en micro particules de plastiques qui iront polluer durablement les alentours (faites vieillir un sac en plastique sur votre balcon ou dans votre jardin pour avoir une idée du résultat, vous allez voir, c'est splendide). Pour les risques sanitaires je vous laisse le soin d'aller sur wikipedia c'est édifiant. Évidement vous pouvez faire les deux, le silo et les balles.


    Heureusement le maïs ne pousse pas en altitude, donc pas de géant vert. Mais quelques céréales qui poussent sur ces terres difficiles à grand coup d'engrais quand même. Vous pouvez chercher la filière bio en Lozère est balbutiante... mais pas les aides végétales agricoles de toutes feuilles.




    Donc ces troupeaux qui transhument tous les ans, mangent des produits pour partie bizarre six mois par an, montent à l'estive où ils ont aussi parfois du foin parce que l'herbe manque.  Euh l'herbe manque ou on veut trop de vaches à l'hectare ? Et pourtant la viande d'Aubrac a une solide réputation de viande de qualité !
    Je nuance, cette réputation de qualité est justifiée pour la filière Fleur d'Aubrac qui concerne des bêtes qui n'ont consommé toute leur vie que le lait de leur mère et de l'herbe. Mais elles seulement ! Toutes les autres ne sont sans doute ni mieux, ni pires que les Charolaises, Blondes d'Aquitaine, Limousine, Gascone, bref toutes ces bêtes sans label qui finissent sur l'étal des bouchers. Et docn je mange du foin, du foin ensilé, des céréales à l'engrais, des hotmones de croissance, des antibiotiques et sans doutes beaucoup d'autres nutriments (???) dont j'ignore à peu près tout.

    Et l'histoire ne s'arrête pas là, dans l'hebdo local La Lozère nouvelle du 1er aout 2008, on pouvait lire : "Lundi 28 juillet à 14h30, un ensemble routier composé d'un camion et d'une remorque a perdu l'un des deux containers qu'il transportait (...). C'est sur la commune de Fontans (...) que l'accident s'est produit (...). La cargaison constituée de restes d'équarissage s'est répandue sur la chaussée et dans un travers en contrebas. Les restes animaux provenant de l'abattoir de Langogne étaient constitués de déchets de catégorie C1 (nécessitant un traitement particulier).
(...) Philippe Merot de la DSV (direction des services vétérinaires) (...) explique l'opération :"les déchets ont été scrupuleusement enlevés ainsi qu'une couche de terre de 10 cm en dessous. Les arbres maculés ont été aussi abattus. Dans un tel cas, même si le risque est infime c'est le principe de précaution qui prime".
   
    J'ai relu trois fois cette brève me disant que j'avais du faire une erreur, un animal issu d'un abattoir pouvait être toxique au point de couper des arbres et enlever 10 cm de terre ? Cela me semblait incroyable ! Alors cette fameuse catégorie C1 correspond aux animaux (bovins, ovins, chevaux) qui meurent durant le transport vers un abattoir ou qui meurent avant l'abattage et qui sont éliminés dans la catégorie des matières à haut risque. Cela me fait désagréablement réfléchir sur la viande que je mange... Et cela fait un lien incroyablement opportun avec le livre Le troupeau aveugle de John Brunner que je viens de finir et dont je vous parlerai dans un prochain billet. C'est lui qui donne à ce billet son titre.

    Il existe des alternatives... L'Europe commence à les promouvoir !


10/08/2008
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