Saveur(s)

Une identité numérique

    Quand on a mission d'éveiller, on commence par faire sa toilette dans la rivière. Le premier enchantement comme le premier ravissement sont pour soi.
    René Char


    Lors de mes premiers pas l'an dernier dans la blogosphère, j'ai beaucoup lu, beaucoup visité de sites sans laisse de trace autre que celles des mouchards des sites. Et puis progressivement j'ai commencé à laisser des com. Je crois que mon premier com c'était sur le blog Le onzième carnet, une photo splendide d'une goutte de thé qui m'avait émue profondément. Mes premiers coms c'était pour dire mon émerveillement du travail des autres. Ensuite c'était chez Honorine, une autre forme d'émotion, tellement intense que je lui ai demandé l'autorisation d'utiliser ses photos pour écrire dessus. Cela a donné un des billets les plus lus de mon blog, et je suis rudement contente de pouvoir rendre hommage à son travail de la sorte.
    Cile (Honorine) a répondu à mon premier com par courriel à mon commentaire, cela m'a surpris. Agréablement. Et depuis lors, nous échangeons tantôt des coms, tantôt des courriels. Elle est longtemps restée la seule à agir ainsi. La deuxième notoire exception c'est Moukmouk qui met un point d'honneur, je crois, à accueillir ses nouveaux visiteurs par un courriel personnel qui va bien au delà du simple contact de courtoisie.
    Souvent j'ai constaté que les auteurs de blog répondent sur leur blog mais pas par courriel perso, ou ils ne répondent pas et laissent le flux des com écrire l'interaction. Parfois ils ne poussent même pas la curiosité d'aller voir qui est venu leur rendre visite.
    De numérique en numérique, un jour avec Cile, nous avons échangé nos téls, et un jour nous nous sommes rencontrées. C'est le chemin qui s'est construit ainsi, parce que c'était elle, parce que c'était moi. Pas envie d'analyser les raisons, juste constater l'envie partagée et synchrone de mettre une voix puis un visage puis une énergie sur une personne.
    L'envie n'est pas toujours présente avec d'autres rédacteurs de blogs d'aller au delà de mots échangés de temps à autres. Présence discrète et amie, légère. Je le comprends tout autant. Finalement c'est comme dans la vie réelle, nous croisons des gens avec lesquels nous avons plaisir à partager un instant et que nous ne reverrons jamais, d'autres avec qui échanger régulièrement des tranches de vie, d'autres qui rentrent de plein pied dans la vie. Ce qui est douloureux, c'est comme dans la vraie vie, c'est quand les envies ne sont pas partagées... Il faut être deux pour s'apprivoiser...

    Bloguer c'est aussi construire une identité, numérique certes, mais une identité qui s'articule avec qui nous sommes dans la vie. Ou alors une identité totalement différente pour profiter de l'anonymat et s'inventer une autre vie, une autre manière d'être. Chacun son style de carnet et d'interaction... Merveilleuse diversité humaine.

    Avec le temps, je constate aussi que j'aime profondément certains blogs sans pour autant jamais y laisser de com parce que je me sens intimidée. C'est étrange à dire mais cela me rappelle des souvenirs d'enfant, quand je pouvais voir le monde des grands sans y accéder. Là c'est pareil, mes mots ne sont pas ajustés, pas adaptés, pas dans le ton. Alors je passe, je savoure et me tais.

    Je n'écris pas non plus un mot de bienvenue à chaque nouveau visiteur qui laisse une trace, d'abord parce que cela supposerait que l'adresse courriel figure ce qui n'a rien de systématique !  Et puis les traces ne sont pas toujours simples à prendre comme amorce. Il faut un petit quelque chose, un fil sur lequel tirer doucement pour accrocher mes mots. Parfois je ne trouve pas, alors je me tais...

    Donc pas de règles bien claire. Une présence parfois expressive, parfois silencieuse. Une relation qui prend tout plein de formes. J'ai oublié aussi ceux qui vont, disparaissent et reviennent, offrant au passage le plaisir des retrouvailles. Les blogs que j'oublie un temps et que je redécouvre. C'est donc le rythme, la pulsation, l'alternance qui provoquent la sensation de joie ou de bonheur extrême, comme le dit si joliment Boris Cyrulnik.


06/05/2008
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